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NEWSLETTER DU MOIS D’AOUT

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MEME EN AOUT CA BOUGE AU FOYER !

De nombreuses visites de marins et de beaux échanges.

Plusieurs bateaux, des bulk carriers principalement ont été accueilli en notre port de fin d’estuaire en ce mois d’aout : mentionnons le GIACOMETTI avec un très gentil équipage philippins comme de coutume ; le CARRIBEAN HARMONY , convoyant des hélices éoliennes, dont un des marins est venu pour la dernière fois à Rouen en 1992, et dont un des amis qui lui venait pour la première fois à Rouen n’a pas oublié de s’extasier devant la beauté de notre ville médiévale

Une discussion plus approfondie me poussa à le questionner sur le nombre d’iles aux philippines : il me donna le chiffre astronomique de 9000 iles même si elles ne sont pas toutes habitées ou habitables ;le SACURA dont un marin prénommé Ahmed ,d’origine égyptienne me  fit part de sa très grande joie d’être en FRANCE après de nombreuses années lors de sa dernière venue et m’indiqua également à ma très grande stupéfaction ne pas connaître sa prochaine destination .Le capitaine, lui d’origine ukrainienne me dit être venu au port de Rouen avant la construction du pont Flaubert 

le VIRGO STELLAR dont l’équipage composé d’ukrainiens amateur d’échec et Nasser Ahmed d’origine pakistanaise ,ont fortement apprécié le foyer pour son cadre et l’accueil qui leur a été promulgué , j’en veux pour preuve leur assiduité puisqu’ils sont venus tous les jours , 7 en tout , de leur escale normande ; enfin, pour n’en  citer que quelques-uns (MANTICORE ,SHANDONG FU EN ,CASTOR WATER,ARKLOW MUSE,BELMAR,BLUE CECILE) le SARA, dont l’équipage principalement indien venant du Texas convoyant du charbon , l’un d’eux me montra des photos de chargement de tronc de bois , opération extrêmement dangereuse et délicate en cas de roulis…

LA MINUTE NICO-PHILO

Peut-on juger une culture à l’autre de la sienne propre : qu’est-ce que l’ethnocentrisme?

Une remarque d’un marin d’origine indienne sur l’importance du cuisinier (d’origine chinoise) et de ses gouts culinaires à bord pendant 9 mois de mer m’a rappelé un vieux thème philosophique développé pour Claude LEVI-STRAUSS, et peut être avant lui Montaigne ( Montaigne, Essais, Livre 1, chapitre 31 : Des Cannibales) dans les essais, dans les années 1950 après son expérience d’ethnologue dans la jungle du MATO GROSSO en plein du brésil : en effet le relativisme culturel interdit en effet d’ériger en normes absolues les us et coutumes de sa propre culture, ethnie, peuple ou  communauté : voici un extrait

Claude Levi Strauss (1908-2009)
anthropologue et ethnologue
Michel de Montaigne (1533-1592)
philosophe, humaniste et moraliste

L’ethnocentrisme, ou le paradoxe du relativisme culturel

L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fonde­ments psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez cha­cun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n’est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela », etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l’Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare; la civilisation occidentale a ensuite uti­lisé le terme de « sauvage » dans le même sens… Dans les Grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée si leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction. Cette anecdote à la fois baroque et tragique illustre bien le paradoxe du relativisme culturel (que nous retrouverons ailleurs sous d’autres formes) : c’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discri­mination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier. En refusant l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie .